
Refaire démocratie : entre responsabilité des élu·es et nouveaux droits citoyens
Notre démocratie est en crise. Ce constat, nous le faisons toutes et tous. Abstention massive, défiance envers les institutions, sentiment d’impuissance des citoyen·nes : les symptômes sont visibles, mais les réponses restent insuffisantes. À Paris comme ailleurs, nous voyons pourtant une société qui ne demande qu’à s’impliquer, proposer, construire. Mais elle se heurte à un mur institutionnel : des décisions trop éloignées du terrain, des dispositifs de participation souvent formels et des élu·es qui peinent à redéfinir leur rôle face à cette aspiration démocratique.
Réparer notre démocratie ne peut pas se résumer à une simple amélioration des dispositifs existants. Il ne suffit pas de multiplier les concertations ou d’ouvrir quelques canaux d’expression. Il faut repenser à la fois la place des citoyen·nes dans la décision publique et la manière dont les élu·es exercent le pouvoir.
Des élu·es au service d’une démocratie vivante
Nous devons être clairs : être élu·e n’est pas un pouvoir, c’est une responsabilité. Et cette responsabilité ne consiste pas seulement à arbitrer des dossiers ou à défendre un programme, mais à permettre aux citoyennes et citoyens de redevenir actrices et acteurs des décisions qui les concernent.
Cela suppose de changer la manière dont nous gouvernons. Un·e élu·e ne doit plus être un simple décideur, mais un facilitateur, un garant du débat démocratique. Cela signifie :
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Faire de la prise en compte effective de la parole citoyenne un principe d’action, en garantissant qu’elle influence réellement les décisions publiques.
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Rendre des comptes tout au long du mandat, en instaurant des bilans réguliers, en garantissant un droit de suite pour que les citoyen·nes puissent suivre l’évolution des décisions prises, et en mettant en place des mécanismes d’évaluation démocratique permettant de mesurer leur impact et, si nécessaire, de les ajuster.
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Aller vers plus d’ouverture, d’écoute et de délibération, en associant systématiquement les habitantes et habitants aux projets qui transforment leur quotidien.
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Accepter la remise en cause, en reconnaissant que les meilleures idées ne viennent pas toujours des élu·es ni des services de la Ville et que le pouvoir de décision doit être partagé.
Des droits nouveaux pour les citoyen·nes
Mais ce changement de posture ne suffira pas si nous ne donnons pas de nouveaux droits démocratiques aux citoyennes et citoyens. L’objectif n’est pas seulement de consulter ou d’écouter, mais de leur permettre d’agir concrètement.
Nous portons donc plusieurs transformations essentielles :
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Un droit d’interpellation effectif, permettant aux citoyen·nes et aux collectifs d’obliger l’exécutif à mettre un sujet à l’ordre du jour et à y répondre publiquement.
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Un droit de mise à l’agenda, pour que des propositions issues de la société civile puissent être directement débattues et votées en Conseil de Paris.
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Une reconnaissance des contre-pouvoirs citoyens, avec des instances de contrôle indépendantes et des moyens dédiés aux associations et collectifs engagés sur les politiques publiques.
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Un droit à l’expérimentation démocratique, pour permettre aux quartiers et aux arrondissements d’inventer leurs propres formes de gouvernance locale.
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L’extension des lieux de débat démocratique, au moyen de plateformes numériques d’échanges asynchrones complémentaires des modalités présentielles (ex : conseils de quartiers…)
Ces droits existent déjà, sous diverses formes, dans d’autres territoires. Ce que nous proposons, c’est de les adapter et de les ancrer dans le fonctionnement de notre ville.
À Paris, nous avons ouvert la voie : il faut maintenant aller plus loin
Grâce au travail des écologistes, nous avons déjà obtenu des avancées : élargissement du droit d’interpellation, co-construction des projets du budget participatif, expérimentations sur la co-décision locale dans les arrondissements écolos. Mais ces victoires restent limitées par une culture politique encore trop verticale et des partenaires de la majorité qui refusent d’aller jusqu’au bout de la transformation démocratique.
En 2026, nous devons franchir un cap. Il ne s’agit plus de simples ajustements, mais d’un véritable basculement vers une démocratie où les citoyennes et citoyens ne sont plus des spectateurs·rices, mais des acteurs·rices à part entière.
Nous le savons : la démocratie ne se décrète pas, elle se construit au quotidien. Pour cela, nous devons changer nos institutions, changer la place des citoyennes et citoyens dans la décision publique, et changer notre manière d’exercer le pouvoir.
Ensemble, faisons de Paris une ville où la démocratie ne s’arrête pas au jour du vote, mais se vit chaque jour.